Le texte ci-après est extrait d'une contribution de Gilles Pidard à paraître en septembre 2007 dans l'ouvrage collectif La Télévision des Trente Glorieuses, culture, politique, société (1945-1975), dir. par Evelyne Cohen et Marie-Françoise Lévy, CNRS Editions.
Vers une télé pop?
" Après le fameux "Bouton rouge", décédé en mai 68, et l'excellent "Forum Musique", tué par les Mothers, l'ORTF nous propose "Pop 2". (...) Souhaitons que l'ORTF, suivant son habitude, ne supprime pas l'émission au moment même où elle réunit toutes les chances de succès".[1] Comme à son habitude, l'ORTF saborde l'émission en 1973 au prétexte que l'audience n'est plus au rendez-vous.
La deuxième moitié des seventies verra Arnaud Leys lancer Melody en 1974 sur FR3, au moment où Freddy Hausser, ex-grand reporter dégoûté de la guerre, démarre Juke Box sur A2[2]. Antoine de Caunes, fils de la première speakerine de l’ORTF Jacqueline Joubert et du grand reporter Georges de Caunes propose Chorus en 1978. Produite et un temps présentée par Patrice Blanc-Francard, l'émission impose à son tour un ton nouveau avec ses "37 minutes de musique live" filmées à l’Empire et diffusées le dimanche midi . Les Enfants du Rock ne sont pas loin qui déboulent en janvier 1982 sous la houlette de Pierre Lescure et Patrice Blanc-Francard, dernier sursaut du rock sur la télévision publique [3]. Puis L'Echo des bananes quelques mois sur FR3 (1982-83). Les deux décennies suivantes voient la quasi disparition des émissions musicales consacrées au rock[4], mais aussi au jazz et d'une façon générale de toutes les musiques un tant soit peu rythmées, sur les chaînes publiques. Supplantées par les clips et la "staracadémisation" des variétés musicales, la création en matière de rock télévisuel se réfugie un temps sur le câble (Philippe Manoeuvre sur Canal Jimmy) pour disparaître à son tour.
Les tentatives de conjuguer rock et télévision furent nombreuses, mais bien souvent éphémères, victimes de la censure d'un pouvoir rétrograde parfois, soumises à la médiocrité des décideurs culturels souvent[5].
Malgré tout, de l'ancêtre Age tendre et Tête de bois, animée par le pionnier Albert Raisner, chantre d'une France des "copains" aux tentatives innovatrices de Bouton Rouge et Pop2 , la télévision publique aura su présenter aux jeunes avides de découvertes le plus beau catalogue de la production musicale de ces années-là, tout en permettant à de nouveaux talents, journalistes et réalisateurs d'oeuvrer pour la cause du Pop.
" Après le fameux "Bouton rouge", décédé en mai 68, et l'excellent "Forum Musique", tué par les Mothers, l'ORTF nous propose "Pop 2". (...) Souhaitons que l'ORTF, suivant son habitude, ne supprime pas l'émission au moment même où elle réunit toutes les chances de succès".[1] Comme à son habitude, l'ORTF saborde l'émission en 1973 au prétexte que l'audience n'est plus au rendez-vous.
La deuxième moitié des seventies verra Arnaud Leys lancer Melody en 1974 sur FR3, au moment où Freddy Hausser, ex-grand reporter dégoûté de la guerre, démarre Juke Box sur A2[2]. Antoine de Caunes, fils de la première speakerine de l’ORTF Jacqueline Joubert et du grand reporter Georges de Caunes propose Chorus en 1978. Produite et un temps présentée par Patrice Blanc-Francard, l'émission impose à son tour un ton nouveau avec ses "37 minutes de musique live" filmées à l’Empire et diffusées le dimanche midi . Les Enfants du Rock ne sont pas loin qui déboulent en janvier 1982 sous la houlette de Pierre Lescure et Patrice Blanc-Francard, dernier sursaut du rock sur la télévision publique [3]. Puis L'Echo des bananes quelques mois sur FR3 (1982-83). Les deux décennies suivantes voient la quasi disparition des émissions musicales consacrées au rock[4], mais aussi au jazz et d'une façon générale de toutes les musiques un tant soit peu rythmées, sur les chaînes publiques. Supplantées par les clips et la "staracadémisation" des variétés musicales, la création en matière de rock télévisuel se réfugie un temps sur le câble (Philippe Manoeuvre sur Canal Jimmy) pour disparaître à son tour.
Les tentatives de conjuguer rock et télévision furent nombreuses, mais bien souvent éphémères, victimes de la censure d'un pouvoir rétrograde parfois, soumises à la médiocrité des décideurs culturels souvent[5].
Malgré tout, de l'ancêtre Age tendre et Tête de bois, animée par le pionnier Albert Raisner, chantre d'une France des "copains" aux tentatives innovatrices de Bouton Rouge et Pop2 , la télévision publique aura su présenter aux jeunes avides de découvertes le plus beau catalogue de la production musicale de ces années-là, tout en permettant à de nouveaux talents, journalistes et réalisateurs d'oeuvrer pour la cause du Pop.
Bibliographie :
* Les variétés à la télévision, 1998, Dossiers de l'audiovisuel, Paris, INA/La Documentation française.
* Bel, Jean-Marc, 2004 (1ère éd. 1994), En route vers Woodstock. De Kerouac à Dylan, la longue marche des babyboomers, Paris, Balland.
* Bizot, Jean-François, 2001, Underground, l'histoire, Paris, Actuel/Denoël
* Bosséno, Christian, 1987, 200 téléastes français, CinémAction hors série, Paris, Corlet-Télérama.
* Bouyxou, Jean-Pierre et Delannoy Pierre, 2004 (1ère éd. 1992), L'Aventure hippie, Paris, 10/18
* Coghe, Jean-Noël, 2001, Autant en emporte le rock..., Bordeaux, EPM/Le Castor Astral.
* Daufouy, Philippe et Sarton, Jean-Pierre, 1972, Pop music/rock, Paris, Editions Champ Libre.
* Gervereau, Laurent et Mellor, David (sous la dir.), 1996, Les sixties. Années utopies, Paris, Somogy éditions d'art.
* Jouffa, François, 1994, La culture pop des années 70. Le pop-notes de François Jouffa, Paris, Spengler.
* Jouffa, François, 2003, Pop Culture. Interviews et reportages de François Jouffa 1964-1970, Paris, Frémeaux & Associés, CD.
* Koechlin, Philippe, 2007 (1ère éd. 1992, Mentha), Mémoires de Rock et de Folk, Paris, Le Castor Astral.
* Sirinelli, Jean-François et Rioux, Jean-Pierre (sous la dir.), 2002, La culture de masse en France de la Belle Epoque à aujourd’hui, Paris, Fayard.
* Sirinelli, Jean-François, 2003, Les baby-boomers. Une génération 1945-1969, Paris, Fayard.
* Sohn, Anne-Marie, 2001, Age tendre et tête de bois. Histoire des jeunes des années 1960, Paris, Hachette Littératures.
* Verlant, Gilles (sous la dir.), 2000, Le Rock et la Plume. Une histoire du rock par les meilleurs journalistes français 1960-1975, Paris, Editions Hors Collection.
Sans les mentionner, on ne saurait malgré tout oublier les ouvrages essentiels à la compréhension de l'histoire du rock que sont ceux de Lester Bangs, Greil Marcus, Peter Guralnick, Nick Tosches et Alain Dister notamment, ainsi que les études détaillées parues dans Record Collector et Juke Box Magazine.
Quant aux collections de périodiques Rock & Folk, Best, Pop Music et Extra, leurs lectures relèvent autant des sources que de la bibliographie.
[1] Rock & Folk, juillet 1970, cité in Mémoires de rock et de folk, op. cit., p. 62.
[2] L’émission est un temps hébergée par "Un jour futur", vaste fourre-tout de la contre-culture que Michel Lancelot anime sur A2 à partir de 1975.
[3] "L'émission passait en deuxième partie de soirée, mais les moyens dont nous disposions nous ont permis d'utiliser notre intuition pour modifier sans cesse la vitrine et garder le public, tout en le respectant. La télévision publique à son meilleur moment!", Patrice Blanc-Francard, Chroniques de la BNF, n°27, 2004, p.11.
[4] Mentionnons Taratata produite par Nagui sur France 2 (1993-97), puis France 4 (avril 2005) et Trafic.musique présentée par Guillaume Durand (2003-06) sur France 2.
[5] Le débat n'est pas clos! cf l'éditorial de P. Manoeuvre : "Encore un effort, Monsieur le Ministre (pour être rock'n'roll)", p. 3 et Jérôme Reijasse, "Rock et TV-Le grand Fuck Off", p.58-62 Rock & Folk, n°452, 2005, ainsi qu’Arnaud Viviant, "Les Parents du Rock", Les Inrockuptibles, n°487, 2005, p. 86-88.
2 commentaires:
Bonjour,
Je viens de parcourir votre feuilleton. Pleins de souvenirs remis en place. Très intéressant aussi pour sa bibliographie.
Un regret : Vous n'avez pas cité Discorama, l'émission de Denise Glaser du dimanche matin après signé Furax sur Europe 1. Ce n'était pas une émission de rock, mais une émission de qualité. J'ai souvenir que c'est quand même là que j'ai vu une interview de Jimmy Hendrix pour la première fois.
Ce petit retour en arrière m'a fait repenser à une émission qui passait pendant un temps (avant 68) sur la première chaine (la seule), entre 30 mn et 1 heure le dimanche soir (après le film ???). Des concerts enregistrés sur une petite scène (en province??). Je me souviens de Hendrix (avec les dents et dans le dos), les Troggs ou les Pretty Things et surtout les Who apocalyptiques (cassage de guitare et de batterie dans le brouillard). Aussi embrumée que ma mémoire.
Évidemment, si quelqu'un a des souvenirs de ces émissions je suis preneur. (nom, date, programme, audio, vidéo...)
Look at Four The holiday season Full Dvd - Complimentary And 100
% legal Way?
Take a look at my homepage; top 10 projectors ()
Enregistrer un commentaire